Correspondance : Calvin Djouari lundi 10 janvier 2022 11:01 1328
C’est à 15h 18, heure d’Afrique centrale, sous un ciel d'un bleu limpide, devant un public animé de chaleur, que le spectacle a commencé ce 9 janvier 2022 au Cameroun. Le stade Olembé, flambant neuf, croulait sous les bruits des vouvousola, avant que le président de la République n’arrive. Son cortège, blindé jusqu’aux dents, a traversé la ville de Yaoundé lentement, le couple présidentiel très à l’aise, regardait le spectacle vivant de la foule massée sur les trottoirs qui agite des drapeaux pour saluer leur passage. Toutes les grandes personnalités du monde du sport et de notre gouvernement ont pris place. Le public rassemblé par une vague humaine déroulait son plus bel enthousiasme. Tout annonçait un événement grandiose, le spectacle retransmis en direct est regardé par environ 1 milliard de personnes à travers le monde. C’est l’événement sportif le plus populaire au monde. Sa notoriété atteint tous les continents. Pendant ce temps sur les panneaux entourant le stade, les spots publicitaires passent. Le sport populaire s’est transformé en une entreprise extrêmement rentable. Les grands moments du football en sont l’expression ultime. Le football paie.
Après le discours éblouissant du président de la CAF, un imposant spectacle commence, avec l’ouverture solennelle de la CAN Tolal énergie, proclamée par le président de la République du Cameroun son excellence Paul Biya. La deuxième organisée dans notre pays après celle de 1972. Le Cameroun a réussi le spectacle féerique de l’organisation. Pendant ce temps, le stade n’en finit pas de grandir avec l’apparition du Lion sur les toits du stade Olembé. Un lion puissant, fantaisiste qui exhibe dans son esprit chevaleresque la tendresse de sa présence. Un lion protecteur, symbole de courage et de l’honneur qui contemple avec intelligence tout ce qui se déroule autour de lui.
Panorama géant qui donne une réjouissance unique et spectaculaire, avant d’atterrir sur la pelouse où 200 jeunes sont déjà en plein déhanchement. La fête avait commencé.
Une série de danses dédiées à notre grande civilisation lointaine, transmise de génération en génération. On a vu nos jeunes danseurs s’exprimer dans leur corps et dans leur esprit sur la toile colorée. Des vrais acteurs, il y a aussi ce jumelage de danseurs et artistes, qui rythment notre vie quotidienne, qu’on admire frénétiquement. Cette joie, offerte avec passion, se faisait avec rythme et tempo. Des expériences renouvelées et réussies. Ces danseurs, venant de différentes régions du Cameroun, ont partagé la scène avec un artiste de renom en la personne de Faly Ipupa. C’est l’Afrique qui gagne. C’est une coupe africaine, il fallait des labels africains, c’est le champ sacré de l’art et de la culture qui ne doit pas avoir des frontières. D’ailleurs Faly Ipupa est un chanteur intégrer dans le style camerounais qu’il l’adore.
La cérémonie d'ouverture est un festival des symboles qui montrent tout le trésor culturel d’un pays et le cœur d’un continent.
À côté de ce spectacle où le lion observe l’immense public, il y avait Mola omniprésent, la Mascotte des lions, qui secoue les reins et la tête comme un amoureux éperdu.
La troisième partie est l’entrée des joueurs sur la pelouse pour un bref échauffement. Ils retournent dans les vestiaires où les officiels sont prêts pour la sortie officielle ; les minutes sont désormais comptées. Les deux hymnes nationaux sont exécutés par la fanfare de la garde présidentielle. L’arbitre est algérien. La fête du football débute après le coup d’envoi donné par les Camerounais.
Ce sera l’heure de commencer à écrire une nouvelle page de l’histoire ; en affrontant le Burkina, pays prenable sur les papiers, beaucoup de Camerounais étaient unanimes sur la victoire des lions. Il était l’heure de penser à devenir le premier buteur des lions sur le stade d’Olembé et de la 33 ème coupe d’Afrique des nations. C’est dommage les jeunes d’aujourd’hui ne savent pas comment on entre dans l’histoire. Ils ont une condition physique exceptionnelle, et une volonté farouche, ils ont lutté jusqu’au bout leur courage force l’admiration. Mais ils sont ce qu’ils sont. Des rêveurs de leur numéro.
Les Camerounais vont peiner pendant 23 minutes sans faire une action d’éclat. Ce premier but encaissé montre très tôt qu’il y a beaucoup à faire en défense.
L’équipe camerounaise manque de star, d’organiseur de jeu au niveau du milieu de terrain, comme le faisaient à leur époque docteur Abega, Mbida Arantes, Makanaky ou Etame Mayer. Ils n’ont plus les joueurs inspirateurs et relayeurs, pièces essentielles de chaque équipe en compétition d’envergure. Ils ont été efficaces sans être efficients.
Il manque ce parfum subtil qui embaumait l’équipe et envahissait tout un public. Il manque de communication au niveau de l’attaque, tout le monde a les yeux rivés vers le ballon et oublie son adversaire tout près de lui. Le match était beau dans l’ensemble, le Cameroun est solide c'est vrai, il y a quelque chose qui manque. Cette voix mythique, cette voix intérieure qui donne de l'audace et créé les actions héroïques. Devant une grande équipe comme le Nigeria ou l’Egypte, le Cameroun doit avoir les pieds fermes. Ils sont tombés dans le piège des Burkinabés qui ont imposé leur rythme. La lenteur. A la 23 minute, le Burkina a créé la surprise en ouvrant le score. On retiendra que le premier buteur de la coupe des nations sur le stade Olembé fut un Burkinabé. Les camerounais bénéficieront de deux penaltys indiscutables et finissent par gagner la partie par 2 buts contre 1.
Il y a dans cette victoire, la défaite d’une équipe camerounaise qui n’a pas organisé un spectacle qui mène au but. Le penalty nous a libérés, mais ça ne sera pas à tous les matchs. On dirait que le but nous fuyait. Aboubakar Vincent est le meilleur, mais il doit développer le système de l’attaque avec ses coéquipiers, s’ils veulent marquer plus de but au prochain match. Ce match, qui ressemble à ces victoires grises des jours difficiles, est une leçon pour l’avenir. Le Burkina aura montré qu’elle est une grande équipe et qu’elle s’imposera dans cette compétition. Le public n’a pas accompagné les lions, c’est dommage. Les lions se débrouillaient seuls sur le stade désespérément ; pas d’encouragement, pas des applaudissements, pas de you-yous… On aurait dit la foule de paysans du village Olembé qui se sont massés dans les gradins. Comment voulez-vous que les lions gagnent si vous ne les encourager pas à fournir plus d'efforts pour vous offrir de belles actions ? On va au stade pour participer à la victoire de l’équipe nationale. On ne va pas pour regarder la pelouse ou les maillots des joueurs ; on va pour les booster. Il faut rectifier le tir. Essayez de retrouver l’intensité de vos émotions comme dans vos passions de bar...